D’où vient ce goût pour le sucre au petit déjeuner ?
Aspect physiologique et culturel
Un corps humain en bonne santé n’a théoriquement pas besoin de manger dès le matin. En général, la faim arrive naturellement dans les 2-3 heures après le lever.
Bien sûr, ici encore, cela dépendra :
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De votre profil personnel : par exemple, si votre profil ayurvédique est un profil Vata, vous aurez peut-être du mal à commencer votre journée sans petit déjeuner; en revanche, si votre profil est franchement Kapha, vous n’aura probablement pas faim le matin.
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De vos éventuels désordres organiques : si votre profil métabolique actuel a indiqué que vous étiez en état d’épuisement, de stress et/ou que avez une glycémie instable, il y a de fortes chances que l’appel de la nourriture se fasse sentir dès le réveil.
Avez-vous déjà remarqué la chose suivante ?
Quand on n’a pas faim, la seule chose qu’on parvient encore à manger, ce sont des aliments sucrés.
Voici un exemple :
Vous êtes au restaurant. Vous avez pris un apéritif, une entrée et un plat. Vous vous dites « J’ai assez mangé, je n’ai plus de place pour un dessert ». Vingt minutes plus tard, vous voyez un beau dessert arriver sur la table voisine. Cette simple vision suffit à vous faire flancher et à vous faire changer d’avis. Vous commandez ce dessert en vous disant « Finalement, j’ai encore une petite place pour un dessert ».
C’est ce même phénomène qui se passe le matin : quand on n’a pas vraiment faim, la seule chose que l’on puisse avaler, c’est un petit déjeuner sucré.

De plus, la société occidentale est organisée autour des horaires de travail et nous entraîne inévitablement à « aller vite ».
L’industrie agro-alimentaire a bien compris ces deux phénomènes et a ainsi développé toute une panoplie de petits déjeuners sucrés : céréales style Kelloggs, biscuits petit déjeuners, viennoiseries, confitures, pâtes à tartiner sucrées au chocolat, au speculoos, etc...
Aussi, il arrive très souvent que l’on mange (ou que l’on se force à manger) un petit déjeuner au lever tout simplement parce que ce ne sera plus possible plus tard, une fois au travail ou à l’école, « en prévision » d’une faim qui pourrait arriver dans la matinée. Nous avons ainsi perdu notre capacité à ressentir la véritable faim physiologique.
Les petits déjeuners à travers le monde
Le petit déjeuner à l’occidentale, composé de pain, confiture, pâte à tartiner au chocolat, viennoiseries en tous genres (croissants, pains au chocolat, gosettes aux pommes, couques à la crème, etc) et le plus populaire en Belgique et en France aujourd'hui. Cela n'a néanmoins pas toujours été le cas, d'une part; et d'autre part, il ne fait toujours pas l’unanimité partout à l'heure actuelle :
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En Angleterre : la tradition sera de consommer des haricots rouges cuits, des saucisses, du bacon, des œufs, des champignons et des pommes de terre.
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En Espagne : des tranches de pain imprégnées d’ail frais et de tomates bien mûres, recouvert d’un filet d’huile d’olive et éventuellement de fromage, de jambon ou de saucisse !
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En Inde : des pommes de terre sautées, du tofu frit, des lentilles, des saucisses végétariennes et des toasts à la banane et au poivre.
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En Thaïlande : du poisson épicé à la menthe, du riz et du porc épicé.
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En Bolivie : des empanadas fourrées à la viande et aux légumes.
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En Chine : des nouilles ou du riz sautés assaisonnés dans une sauce collante avec du poulet et des légumes.
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Au Ghana : du riz cuit avec des haricots.
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Au Costa Rica : des haricots rouges, de riz, de la crème, de la salsa et des tortillas, avec de la viande ou un avocat.
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Au Mexique : des oeufs, des nachos, du fromage, des haricots, des avocats.

L'histoire des frères Kellogg
Toutes ces traditions sont donc bien éloignées du pauvre bol de Kellog’s, tristement connu chez nous.
Avez-vous déjà entendu parler de l’origine des Kellog’s, d’ailleurs ?
John Harvey Kellogg est né aux États-Unis en 1852. Il y devint l’un des médecins nutritionnistes les plus connus du début du 20e siècle. Il fut le médecin en chef du célèbre sanatorium de Battle Creek (centre de convalescence et de quarantaine pour les personnes atteintes de maladies infectieuses, comme la tuberculose).
Le Dr. John Kellogg était convaincu qu’il fallait consommer de grandes quantités d’oléagineux (noisettes, noix, amandes, etc) et de céréales pour rester en bonne santé. De plus, il recommandait la consommation de plats insipides (plutôt que sucrés ou piquants) étant persuadé que ceux-ci permettaient de lutter contre la masturbation et les rapports sexuels, qu’il condamnait, y voyant la cause principale des cancers des ovaires, des infections urinaires, de l’épilepsie et de la folie.
Il inventat les corn flakes (des flocons de maïs cuits au four) pour les patients du Sanatorium. À la fin des années 1890, John Kellogg et son frère Will décidèrent de commencer à commercialiser les corn flakes à plus grande échelle. Gros changement par rapport au petit déjeuner classique de l’époque, composé jusqu’ici principalement de viande et d’œufs.
Will Kellogg, qui avait davantage la fibre commerciale que son frère, proposa d’ajouter du sucre à la recette originale pour que celle-ci ait plus de succès. John Kellogg refusa, cette nouvelle recette étant totalement contraire à l’esprit du régime alimentaire qu’il préconisait.
Will Kellogg décida alors de fonder sa propre compagnie et de commercialiser des corn flakes sucrés. Cette compagnie deviendra plus tard l’empire Kellogg’s.
